8 août 2011

DEAD WALKING MAN - Tim Robbins (1995)

Je suis dans ce couloir et je n'ai que faire de votre miséricorde. Il doit bien y avoir un échappatoire. Je ne dirai jamais rien à mes juges, je n'avouerai rien de ce qu'ils veulent savoir sur moi. Je suis dans ce couloir et les miens sont absents. Seul, je ne peux que me convaincre que tous ont tort de m'en vouloir... Je n'ai rien fait. Les gosses ont été trainé dans les bois, à cet endroit qu'on appelle le marigot. Quand j'étais un môme, je buvais du Wild Turkey avec mon père. Mon vieux est mort quand j'avais quatorze ans et c'est moi l'aîné.

On a retrouvé la fille face contre terre, le ventre ouvert, foutre et sang  sur tapis de verdure à l'heure de la rosée. Dans ce couloir, personne ne peut s'imaginer que ma place est ailleurs, comme avec mes frères et ma mère. Ma mère pleure souvent, j'ai ses larmes comme un point tatoué au coin de l'œil.
Toile d'araignée, svastikas, serpents et têtes de mort sont incrustés dans ma peau, j'ai fini par oublier ces moments absurdes où mon esprit est ailleurs quand mon corps titube un peu. Quand l'acier du canon sent la poudre, quand mes doigts se referment sur la crosse. Je n'ai pas de compassion et ça m'étouffe, je n'ai rien à foutre dans ce couloir où j'attends l'heure de l'injection. Il y a pourtant cette femme qui prie pour moi. Elle me dit que je suis un fils de Dieu, c'est quoi ce baratin ? Je lis la Bible parce que la gamberge va bon train derrière les grilles, je garderai mes pompes coquées jusqu'à ce qu'on en finisse, je n'irai pas contre ma haine.





Les familles des deux gosses retrouvés en charpie dans cette forêt me haïssent. Je peux comprendre... C'est ainsi que le monde tourne, on danse depuis toujours autour des potences et cette femme qui vient me voir, qui porte la croix, en quoi pourrait-elle changer le cours des choses.
Que fait-elle à s'occuper des nègres de son quartier, elle pourrait vivre ailleurs et laisser là toutes ces feignasses, ces parasites, ces profiteurs, les abandonner à leur sort, à la place qui leur est due dans cet univers de carnassiers. Mes mains à moi sont celles d'un travailleur, elles ne mentent pas... Pourquoi je la crois quand elle me parle du visage de l'amour. Je commence à comprendre quand tout va s'arrêter, la balle dans la nuque de ce gosse venait bien de moi. J'ai écrasé du pied son dos quand sa p'tite amie avait les cuisse ouvertes face à son bourreau. Je l'ai prise aussi avant que le couteau lui enfonce ses vêtements jusqu'aux entrailles. Plusieurs fois.

Dans ce couloir, je finis en pantoufles sur une croix, encore la croix, toujours cette foutue croix et puis le regard de cette femme que je ne connaissais pas, je cherchais juste l'échappatoire et je finis par y voir un peu mieux. C'était bien moi avec un autre, auquel je voulais ressembler.
Lui ne va pas mourir parce que la loi des hommes est aussi aveugle que l'était ma haine. Juste avant mon dernier souffle, j'aurais eu le temps de faire le chemin qui me séparait du monde des vivants. Je quitte ce couloir et quand je tourne la tête, je vois cette femme qui tend sa main derrière la vitre, le reste n'a plus guère d'importance. Ce que j'ai fait reste gravé dans mon corps tout comme l'encre qui s'est figée sous ma peau. Je paie pour mes crimes et l'injection n'a rien à voir là-dedans.
C'est moi enfin, sans la peur et je le sens, je le sais.
J'accepte bien autre chose que ce qu'on a voulu me faire croire... Je peux croire en moi depuis ce visage derrière la vitre. C'est ma dernière marche.



Titre : La Dernière Marche
Titre original : Dead Man Walking
Réalisation : Tim Robbins
Scénario : Tim Robbins d'après le livre de Helen Prejean
Distribution :
Susan Sarandon : Sœur Helen Prejean
Sean Penn : Matthew Poncelet
Robert Prosky : Hilton Barber
Raymond J. Barry : Earl Delacroix...
DL

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1 commentaire:

  1. « La peine de mort agit comme un poison sur tous ceux qui y participent. »
    David André

    http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=1mVGohL-p28#!

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